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Bertran de Born

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2 décembre 2007 7 02 /12 /décembre /2007 12:11

« Le ciel agit sans nous en ces événements,
et ne les règle point dessus nos sentiments. »
(Corneille, Horace, v. 861-862,
Ac. III, sc. 3, Camille)



Ingres, Jupiter et Thétis (1811)
Musée Granet, Aix-Provence

« Le traité de paix de Presbourg est signé le 26 décembre 1805. Napoléon fabrique deux rois, l'électeur de Bavière et l'électeur de Wurtemberg. Les républiques que Bonaparte avait créées, il les dévorait pour les transformer en monarchies ; et, contradictoirement à ce système, le 27 décembre 1805, au château de Schoenbrünn, il déclare que la dynastie de Naples a cessé de régner ; mais c'était pour la remplacer par la sienne : à sa voix, les rois entraient ou sautaient par les fenêtres. Les desseins de la Providence ne s'accomplissaient pas moins avec ceux de Napoléon : on voit marcher à la fois Dieu et l'homme. Bonaparte après sa victoire ordonne de bâtir le pont d'Austerlitz à Paris, et le ciel ordonne à Alexandre d'y passer. »
(Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe,
t. I, Livre 20, chap. 5)

« Parallèlement à la vision providentialiste de l’histoire apparaît peu à peu l’idée opposée que les hommes sont les auteurs de l’histoire, dont le cours peut dès lors se comprendre à l’aulne de réalités humaines telles que la raison ou la liberté. Cette thèse selon laquelle les hommes peuvent faire l’histoire, nous la baptisons (…) le principe de faisabilité de l’histoire. On voit poindre une telle idée chez Machiavel, au chapitre XXV du Prince, où il s’inscrit en faux contre le préjugé de son époque, qui attribue le gouvernement des événements à Dieu ou à la fortune, c’est-à-dire à ce qui ne dépend pas des hommes (…). (…) Cette conception nouvelle de l’histoire, qui accorde une place à l’action des hommes, est précisée et affirmée avec force par [Giambattista] Vico [1668-1744] près de deux siècles plus tard dans la Science nouvelle de 1725. le monde historique se distingue de la nature en ce qu’il est l’œuvre non pas de Dieu, mais des hommes, et il peut donc, à ce titre, être mieux connu :
“Et quiconque y réfléchit ne peut que s’étonner de voir comment tous les philosophes ont appliqué leurs efforts à parvenir à la [17] connaissance du monde naturel, dont Dieu seul, parce qu’il l’a fait, a la science, et comment ils ont négligé de méditer sur le monde des nations, ou monde civil, dont les hommes, parce que ce sont les hommes qui l’ont fait, peuvent acquérir la science.”

[Principi di une Scienza nuova intorno alla natura delle nazione, 1744, forme définitive d’un texte initialement publié en 1725 et fortement remanié en 1733]
Vico ne se contente pas de dire, comme Machiavel, que les hommes peuvent influencer le cours des choses, il affirme que la réalité sociale et historique est faite par eux. La thèse que les hommes peuvent connaître le monde civil des nations et son histoire parce qu’ils en sont les auteurs s’accorde chez Vico avec les croyance en la Providence, qui fait selon lui partie de la nature humaine. La science nouvelle se donne pour tâche de faire l’histoire des lois que la Providence a données au genre humain, et par lesquelles Dieu administre le cours du monde avec justice. Les hommes font leur histoire, mais dans le cadre de lois générales qu’ils n’ont pas choisies, tel le principe de cyclicité qui entraîne régulièrement des retours en arrière ou des rechutes dans la barbarie. La pensée de Vico va donner naissance à ce que nous appellerons la conception pratique de l’histoire [“au sens large [d’]une histoire possible par liberté”], qui affirme que les hommes sont les auteurs de l’histoire, qu’ils peuvent ainsi connaître. La voie est ouverte pour les philosophes rationalistes de l’histoire, fondées sur les notions de liberté, de progrès, de raison ou de perfectibilité, qui se sont développées à partir de l’époque des Lumières. »
(Christophe Bouton, Le procès de l’histoire, fondement et postérité de l’idéalisme historique de Hegel, Paris, Vrin, 2004, p. 16-17)

"A partir de l'époque des Lumières"... et ce, jusqu’à Marx :
« Comme dit Vico, l’histoire de l’homme se distingue de l’histoire de la nature en ce que nous avons fait celle-là et non celle-ci »
(Marx, Le Capital,
Livre I, section 4, chapitre XV, 4ème note du §I)


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