Bonne année 2008 à chacune et à chacun :-)
Le calendrier des concours 2007-2008 a officiellement paru.
* École polytechnique (MP et PC) et École supérieure de physique et de chimie industrielle de la ville de Paris (PC) les : 13, 14, 15 et 16 mai 2008
(Web X, école Polytechnique sur Wikipédia , Notice de l'X / Web ESPCI, Notice ESPCI)
* Groupe Mines-Ponts. Concours communs (MP, PC, PSI) les : 23, 24 et 25 avril 2008
(Groupe Mines-Ponts sur Wikipédia, Site du concours, Notice)
* Groupe Centrale, concours à épreuves communes (MP, PC, PSI, TSI) les : 28, 29, 30 avril et 2 mai 2008
(Concours Centrale-Supélec sur Wikipédia, site concours Centrale, Notice)
* École normale supérieure (Ulm)
- groupe PC les : 19, 20, 21, 22, 23 et 26 mai 2008.
(Web Ulm)
* École normale supérieure de Lyon
- groupe physique et chimie les : 20, 21, 22, 23, et 26 mai 2008.
* École normale supérieure de Cachan
- concours groupe PC les : 20, 21, 22, 23 et 26 mai 2008.
Nota : certaines épreuves des groupes MP et PC seront communes aux concours des trois écoles normales supérieures.
* Concours communs polytechniques
- MP, PC, PSI, les : 5, 6, 7 et 9 mai 2008.
Épreuves de français (synthèse) concours École navale et école de l'Air le : 10 mai 2008 (matin).
(CCP sur Wikipédia, Site CCP, Notice du concours)
* École nationale supérieure des arts et industries textiles de Roubaix (MP, PC, et PSI) voir les dates de la banque e3a.
* École nationale du génie de l'eau et l'environnement de Strasbourg ENGEES filière MP, PC et PSI les : 5, 6, 7 et 9 mai 2008.
* Écoles nationales supérieures des mines d'Albi-Carmaux, d'Alès, Douai, Nantes - concours communs SUP épreuves écrites les : 19 et 20 mai 2008.
(sur Wikipédia, Site du concours)
* e3a banque d'épreuves MP PC et PSI les : 16, 17, 19 et 20 mai 2008
* École nationale d'aviation civile
- ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (bac + 2 CPGE) les : 1, 2, et 3 avril 2008.
- élèves pilotes de ligne (bac + 1 CPGE) le : 25 mars 2008.
(Web ENAC)
« On n'envie point celui qui se promène si l'on peut soi-même se promener ; ce serait ridicule. Mais on porte envie à celui qui gagne le gros lot, parce que l'on ne peut ici qu'attendre, désirer, espérer, non pas vouloir. Toutefois il me semble que l'envie, dans ces cas-là, est presque sans venin, par cette idée du hasard aveugle, dont l'effet n'honore point. Pour les choses qui dépendent de la volonté, mais qui sont difficiles, comme de jouer du violon ou de savoir le latin, il me semble qu'on ne peut éprouver l'envie, dès que l'on a quelque idée des immenses travaux que suppose le moindre talent.
J'ai connu un bon helléniste, et qui portait toute la langue grecque dans sa tête ; mais aussi tous les ans il lisait toute la grécité, comme il disait, du commencement à la fin. Vais-je me plaindre de ne pas savoir ce que je n'ai pas voulu apprendre ? Au reste, sur les bancs de l'école, d'après ce que j'ai vu, on n'envie guère ; le paresseux sait bien à qui il doit s'en prendre. Quant aux aptitudes, je ne vois pas où un être, terminé comme il est par sa propre nature, prendrait appui pour désirer ce qu'il n'a pas. Qui n'aime pas jouer aux cartes n'envie pas ceux qui jouent aux cartes ; il s'étonne au contraire de voir qu'ils s'y plaisent. Qui n'est point géomètre n'envie point le géomètre ; car comment se faire une idée du plaisir du géomètre si l'on n'est point soi-même géomètre ? Qui n'est pas né musicien n'envie pas les musiciens. Au fond, nul ne désire que ce qu'il a. Ainsi l'envie serait sans corps, comme la vanité. »
(Alain, Esquisses de l’homme, 1927, 1938,
LXVIII, « De l’envie », 7 octobre 1922)
« Les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas arbitrairement, dans les conditions choisies par eux, mais dans des conditions directement données et héritées du passé. La tradition de toutes les générations mortes pèse d’un poids très lourd sur le cerveau des vivants. Et même quand ils semblent occupés à se transformer, eux et les choses, à créer quelque chose de tout à fait nouveau, c’est précisément à ces époques de crise révolutionnaire qu’ils évoquent craintivement les esprits du passé, qu’ils leur empruntent leurs noms, leurs mots d’ordre, leurs costumes, pour apparaître sur la nouvelle scène de l’histoire sous ce déguisement respectable et avec ce langage emprunté. C'est ainsi que Luther prit le masque de l’apôtre Paul, que la Révolution de 1789 à 1814 se drapa successivement dans le costume de la République romaine, puis dans celui de l’Empire romain, et que la révolution de 1848 ne sut rien faire de mieux que de parodier tantôt 1789, tantôt la tradition révolutionnaire de 1793 à 1795. »
« [Pour Marx] Ce sont les hommes et non Dieu qui font l’histoire. Cette idée n’est pas nouvelle, elle remonte à Vico auquel Marx se réfère d’ailleurs explicitement. Elle est reformulée par le jeune Schelling, Fichte, approfondie par Hegel, qui pense que l’histoire est l’œuvre des individus et de l’esprit qu’ils incarnent. Le matérialisme historique assimile cet acquis de l’idéalisme allemand, tout en insistant sur les présupposition matérielles de l’histoire, qui stipulent que “les hommes doivent être à même de vivre pour pouvoir « faire l’histoire »” [n.2 : L’Idéologie allemande. En marge de cette phrase, Marx a écrit le nom de Hegel.]
Le principe de faisabilité — les hommes peuvent et doivent faire l’histoire — traverse toute l’œuvre de Marx. Dans le Manuscrit de Kreuznach, il perce derrière la défense de la démocratie. Pourquoi la démocratie est-elle meilleure que la constitution ? Parce qu’elle est l’“œuvre propre” du peuple réel, “le libre produit de l’homme” [n.3 : Critique du Droit Politique hégélien (…)]. C’est au peuple de créer ou de changer de constitution, afin qu’il puisse prendre en main sa destinée. L’Introduction de 1844 délaisse le thème de la démocratie mais accentue l’idée d’une action de l’homme dans l’histoire. La critique de l’aliénation religieuse et politique a pour but de désillusionner l’homme “afin qu’il réfléchisse, qu’il agisse, qu’il élabore sa réalité” [n.4 : ibid.] Une nouvelle révolution copernicienne doit placer l’homme au centre de l’histoire. En conférant à la philosophie un rôle concret dans l’émancipation du prolétariat, Marx l’inclut dans le processus de la faisabilité. Par sa critique radicale du monde existant, la philosophie doit contribuer à “faire l’histoire”. Comme Hegel, Marx conçoit d’emblée que le principe de faisabilité est limité, au sens où la tâche d’accomplir l’histoire n’est possible que dans une situation donnée. Lors de la Révolution française de 1789, la libération d’une classe particulière, la bourgeoisie, a permis l’émancipation de toute la société. En Allemagne, la situation économique et politique est différente, aucune classe de la société civile bourgeoise ne souhaite vraiment le changement. C’est pourquoi la tâche de faire la révolution incombe dans ce cas au prolétariat, qui n’appartient pas à la société civile bourgeoise dont il est exclu. (…)
[227] (…) On retrouve la trace de ce principe dans la célèbre 11e Thèse sur Feuerbach, qui invite les hommes à transformer le monde au lieu de se contenter de l’interpréter. Gramsci a vu là le fondement d’une philosophie de la Praxis, qui prônerait “l’historicisme absolu”, c’est-à-dire la capacité pour l’homme de réaliser totalement sa pensée dans l’histoire. Dans L’Idéologie allemande, le thème de la faisabilité de l’histoire apparaît en creux, lorsque Marx critique “la manière de fabriquer l’histoire” propre à l’idéalisme [n.4 : L’Idéologie allemande]. La transformation du monde a un sens pour autant qu’elle dépasse la sphère idéale des pensées afin de se traduire dans l’histoire effective. Ce processus n’est possible que si les circonstances le permettent. C’est là ce qui sépare la fabrication idéaliste ou utopique de l’histoire de l’action de faire l’histoire. Marx a parfaitement saisi la distinction entre les conceptions poiétique et pratique de l’histoire, entre l’illusion de pouvoir modeler à sa guise les événements et la conscience que toute action est médiatisée par la situation. Il partage avec Hegel le rejet de l’utopie abstraite, dont rêvent les individus qui prétendent “sauter par-dessus leur [228] temps” [n.1 : (…) préface des Principes de la philosophie du droit]. Le Manifeste du parti communiste reproche ainsi aux socialistes allemands leurs constructions imaginaires, qui sont élaborées en l’absence des conditions matérielles de l’émancipation. (…) Il ne s’agit pas pour Marx de remettre en cause le principe de faisabilité, mais d’en souligner les limites. Assurément, la théorie de la lutte des classes, véritable moteur de l’histoire, implique que les individus jouent un rôle essentiel dans la genèse des événements. Mais les hommes ne peuvent faire l’histoire, provoquer des révolutions, que dans des circonstances matérielles données. Ceci est vrai aussi bien pour la bourgeoisie, qui en son temps “a joué dans l’histoire un rôle hautement révolutionnaire” [n.3 : Manifeste du parti communiste], que pour le prolétariat, qui doit attendre patiemment son heure toute proche. Marx a résumé sa conception du principe de faisabilité au début du 18 Brumaire de Louis Bonaparte : “les hommes font leur propre histoire, mais ils ne la font pas de plein gré, dans des circonstances librement choisies ; celles-ci, ils les trouvent toutes faites, données, héritage du passé”. L’histoire est l’œuvre de la Masse des individus. Mais deux obstacles limitent dans la supprimer la praxis historique des hommes : ils ne choisissent pas les conditions matérielles qui rendent leur action possible, et ils sont confrontés au poids de la tradition qui freine les bouleversements. »